Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas posée pour écrire un article. En cause : ma to-do list. Ah la to-do list !
J’ai décidé de parler de la to-do list, et de faire ma thérapie à l’écrit, car mes articles depuis le début m’aident à structurer ma pensée, tout en permettant à des personnes vivant la même chose de s’identifier.
Ma chère to-do list. Celle qui me hante chaque jour, du matin au soir. Celle dont mes proches m’entendent toujours parler. On m’a dit d’effacer ses lignes en occultant les tâches pour ne plus y penser. Mais le peu de fois où je l’ai fait, je l’ai regretté car si je les avais écrites c’était pour une raison. Et les ignorer ne fait que retarder la résolution du problème qui se représenterait à nouveau à un moment inopportun. Tout est important, de l’ampoule à remplacer, du coup de fil à passer, au rendez-vous à réserver.
Cette liste de tâches qui était censée m’aider à y voir plus clair et qui finalement m’empêche de profiter de l’instant présent.
Cette to-do list qui me met dans un stress quasi-permanent, même quand j’ai du temps libre. Car 24h ne suffisent pas pour la terminer. Que dis-je, une vie ne suffirait pas pour la boucler.
Le fait de poser mes idées sur papier et de barrer ce qui était fait m’a toujours procuré un sentiment de satisfaction particulier, notamment à l’époque où je vivais chez mes parents et où mon temps de transport était d’au moins 2h30 par jour aller-retour. 2h30 pour penser, réfléchir, répondre aux messages, avancer dans la lecture, les objectifs divers, les invocations, le Coran, les révisions et j’en passe. Sans m’en rendre compte, j’avais pris goût à ce temps libre et je m’y suis habituée.
En rentrant, je n’avais ni à gérer les repas ni le linge, en tous cas pas régulièrement, ce qui me permettait de barrer énormément de lignes. Mon temps m’était offert sur un plateau que je dégustais.
AlhamdouliLlah, les temps ont changé. Quand je me suis mariée, ce fut une autre histoire. Avoir le permis et utiliser la voiture plutôt que les transports. Vivre près de son lieu de travail. Changer de rythme, de statut, devenir salariée, ne plus avoir des journées entières à la Faculté juste pour réviser, au calme mais travailler toute la journée et rentrer fatiguée. Avoir un repas à préparer, des machines à faire tourner. Tous ces bienfaits renfermaient une épreuve cachée, destinée à me faire évoluer. AlhamdouliLlah.
Autant dire que le temps libre, que j’avais, s’est en quelques mois complètement évaporé. N’ayant pas fait de mise à jour dans mon cerveau, la to-do list continuait elle à collecter toutes mes pensées, et mon niveau d’exigence en productivité n’avait pas été adapté.
Puis une fois en congé parental, moi qui pensais pouvoir rattraper ce temps perdu, m’occuper du bébé et la terminer pour de bon, quelle fut ma surprise quand je réalisai que c’était encore pire qu’avant et que ce congé, n’avait de congé que le nom.
Il paraît évident, avec du recul, que je fonçais droit dans le mur en gardant le même rythme et les mêmes ambitions au quotidien avec 99% de mon temps libre en moins.
J’ai renoncé et revu mes objectifs à la baisse avec la maternité, mais ça n’a pas suffi. Fallait-il renoncer à tout ?
Ma journée commençait avec un stress, celui de penser à ces kilomètres de tâches accumulées chaque jour, en plus des tâches quotidiennes, avec extrêmement peu de temps pour s’en occuper.
J’en suis arrivée à un point où je prenais mal le fait qu’on m’envoie un message pour prendre de mes nouvelles, parce qu’y répondre s’ajoutait à ma liste déjà trop pleine. À m’agacer quand une invitation non programmée se rajoutait, puisque je m’étais déjà engagée à rendre visite à au moins une dizaine d’autres personnes. À attendre avec impatience de laisser mes enfants pour m’occuper de ce courrier important, de ce bouton à recoudre et de cette ampoule à racheter.
Noyée dedans au point d’être devenue un poisson. Un poisson en forme car je me libérais du temps pour dormir, mais un poisson stressé projetant de réaliser ensuite 10 tâches en 1 heure et sous tension en voyant qu’il en resterait 200 autres de toute façon.
Il était temps de se poser pour faire le point.
J’ai discuté avec des proches, cherché sur Google, et voilà quelques pistes. Quelques pistes que je n’ai pas toutes encore mises en œuvre, mais qui pour certaines me paraissent bien plus adaptées et réalistes, et qui pour d’autres m’ont déjà énormément aidée et apaisée alhamdouliLlah.
1- Le tawakkul à travailler. Si tu comptes sur toi-même pour réaliser ne serait-ce qu’une seule tâche, tu mérites d’échouer. Ceci afin de te rappeler que c’est Lui qui fait aboutir les projets. Que tu ne dois pas te mettre ce poids sur les épaules. Car tu ne dois que faire ce qui est dans tes capacités avec pragmatisme, et compter sur Lui Seul pour tout réaliser. Ce que tu avais oublié c’est que tu étais faible, et qu’il était normal que la to-do list te fasse stresser. Autant de pression sur les épaules d’un être humain, c’est impossible à porter. Place ta to-do list chez Lui, fais de ton mieux au quotidien mais pas plus, et tu Le verras s’en occuper bien mieux que tu ne le fais.
Comme dans beaucoup de choses dans la vie, dès qu’on arrête de compter sur soi mais sur Dieu, qu’on arrête de prendre les choses à cœur et qu’on se raccroche à Dieu pour ce qui nous angoisse, qu’on arrête d’attendre le résultat pour être apaisé et qu’on choisit de l’être maintenant, dans l’imperfection des choses ; c’est là que les résultats apparaissent. Comme si ces épreuves étaient là pour nous apprendre à compter sur Lui et Lui Seul.
2- La to-do list est infinie, alors traite-la comme telle. En effet, on ne s’imagine pas manger une bonne fois pour toutes puis plus jamais; on sait que ce besoin est quotidien et récurrent, à vie. Psychologiquement on s’y adapte, on n’est pas surpris ni déçu d’avoir faim à nouveau malgré le fait qu’on ait mangé au repas précédent. Cela peut paraître évident mais je n’avais pas réalisé et pris conscience de cela réellement : quand bien même je finirai d’accomplir toutes les tâches de ma to-do list, à la minute suivante elle recommencerait à se remplir.
Le raisonnement n’est dès lors plus le même que celui de vouloir la boucler. Il s’agit juste d’avancer, de ne pas stagner, mais pas de terminer. Le vécu est alors totalement différent, car on se dit que tant que l’on a réalisé ne serait-ce qu’une seule tâche, on a gagné.
On dit que le bonheur n’est pas au bout du chemin, mais que le bonheur est le chemin. Attendre quelque chose pour s’autoriser à être heureux réellement, est une grande erreur. Si l’on réfléchit ainsi, même quand cette chose arrivera, dans notre insatisfaction chronique d’êtres humains, on en attendra une autre pour être cette fois vraiment heureux.
Et on risque d’attendre toute notre vie si on ne prend pas conscience que le bonheur se loge là, tout de suite, maintenant, au quotidien. Il n’est pas un objectif défini et mesurable, il est une manière d’apprécier et d’être reconnaissant envers Dieu à chaque instant.
De même, la fin de la to-do list n’est pas l’objectif, car la vie étant faite de choses à faire perpétuellement, la fin de la to-do list signifierait juste la fin de la vie.
L’existence de la to-do list veut dire que l’on est en vie, qu’il y a à l’utiliser pour ne rien oublier et être un support pour notre cerveau de maman ultra sollicitée. Mais qui n’est surtout pas là pour la boucler complètement. Cette course éperdue est perdue d’avance, comme dirait Thomas d’Ansembourg (que Dieu le guide et le récompense pour sa sagesse), qui conseille de « pacifier notre rapport au temps ». C’est exactement ça : car avec la to-do list, le temps devient un obstacle, le rapport au temps est très conflictuel, on en est jamais satisfait, on en a jamais assez.
3- Écrire la to-do list sur papier pour barrer et visualiser le travail accompli.
Le problème de la liste sur téléphone c’est qu’on efface la ligne sans laisser aucune trace de la mission réalisée. Alors que ce qui est source d’encouragement c’est la visualisation du travail accompli. On a l’impression d’avoir rien fait car on a effacé les tâches déjà réalisées et on ne voit plus que les 200 tâches restantes. Alors barrons simplement les choses, laissons une trace de ce qui a été accompli la journée, prenons le temps de nous en rendre compte, d’être reconnaissants envers Allah, de nous en réjouir et réalisons que nous avons avancé et pas rien fait, quand bien même il en reste 1 million d’autres. On a fait tout ce que l’on pouvait ce jour-là et on a pas à s’en vouloir de ne pas en avoir fait plus. Si on avait pu, on l’aurait fait ? Alors à quoi sert-il de s’en vouloir de ne pas pouvoir aller au-delà de nos capacités ? (Je me parle à moi-même avant tout bien sûr).
4- Trier, classifier, prioriser, et extraire une ou plusieurs tâches réalistes pour la journée. Avec des bébés à gérer, une seule tâche par jour ou étalée sur plusieurs jours est déjà excellent. Ne jamais s’en vouloir si l’objectif n’a pas été atteint, car souvenons-nous : même d’un pas nous aurons alors avancé dans cette infinité.
Trier par ordre de priorité, et définir un certain pourcentage de chaque type de tâches pour ne pas en laisser de côté certaines pendant trop longtemps.
À ne faire que des urgences, on finit par ne jamais s’occuper de cette épine dans le pied qui nous plombe quand même mais qui n’est pas urgentissime. Le fait d’accorder une certaine proportion de temps à chaque type de tâches permet d’équilibrer l’accomplissement des différentes missions (par exemple : j’ai 1h de libre : tâche importante 50% = envoyer le courrier urgent + tâche moins importante 40% = répondre aux messages + tâche encore moins importante et pas urgente 10% = acheter un objet dont j’ai parfois besoin).
Les méthodes de tri sont nombreuses :
-par ordre d’urgence et d’importance (important urgent, important pas urgent, pas important urgent et pas important pas urgent).
-par ordre d’envie, de difficulté (commencer par les plus difficiles quand on est en forme et terminer par les plus faciles quand on est démotivé).
-par type de tâches (personnes à voir :.. ; choses à acheter :…etc.).
-réalisables quand : maintenant, à court terme, moyen terme ou long terme.
Le but étant de classifier et de travailler à juste dose sur les différentes tâches, et oser faire redescendre tout en bas celles qui n’en valent pas la peine ou qu’il n’est pas pertinent d’afficher au début de la liste.
5- Être précise, décomposer les grosses tâches, estimer le temps nécessaire pour chaque tâche et le noter à côté ! Puis rééquilibrer l’objectif quotidien en s’adaptant à la réalité du temps pris par cette tâche sans aucune culpabilité.
Ce qui aiderait beaucoup au moment de choisir les tâches : savoir combien de temps chacune prend. On se rend compte qu’on est parfois irréalistes en pensant pouvoir faire 10 choses en 1h alors que dans les faits, juste se préparer et sortir dure 30 minutes. Donc plutôt qu’écrire : « courses », mettre « faire les courses à Lidl en 2h ». Comme cela, au moment de choisir les tâches du jour, on sait tout de suite lesquelles pourront réellement rentrer dans le planning.
Voilà alhamdouliLlah, en espérant que cet article te permette, si tu es touché.e par le syndrome de la to-do list infinie, de voir les choses autrement, de retrouver une journée apaisée, de replacer ta confiance en Allah, en te déchargeant de ce fardeau qui te pèse du fait que tu comptes sur toi-même, en te réjouissant de la moindre tâche accomplie par la reconnaissance envers Celui qui te l’a permis, en y voyant plus clair quand tu organises ta journée et en étant bien plus honnête et indulgente envers toi-même !
Qu’Allah nous facilite la gestion de notre temps de la plus belle des manières.
Qu’Allah nous permette d’accorder à chacun son droit et son temps de qualité.
Qu’Allah nous permette de compter uniquement sur Lui pour tout ce qui nous préoccupe.
Qu’Allah déverse Sa Baraka dans notre temps, nos vies, nos biens, notre communauté ! Qu’Allah nous aime et nous apaise en toutes circonstances.
Et toi ? As-tu des retours d’expérience, des conseils ou remarques à partager ? À tes commentaires !