Voici nos derniers témoignages de mamans pour ce Ramadan 1444/2023. On espère que ces témoignages seront profitables aux mamans qui se questionnent. Qu’Allah accepte nos adorations et nos efforts, amine.
Témoignage maman #4, H.
Je vous fais un retour d’expérience sur le Ramadan lors de mes 2 grossesses (les deux au 7ème mois, l’une en juillet et l’autre en avril) en étant interne à l’hôpital donc en travaillant.
Pour les deux grossesses et l’allaitement de mes deux enfants : j’ai pu jeûner en moyenne un jour sur deux (je programmais des jours de repos d’office, à savoir les jours de travail les plus chargés et fatigants), et je jeûnais les week-ends. Cela n’a pas été facile ni aisé.
Ce qui m’a énormément aidée à chaque fois c’était :
-la sieste que je faisais, pendant la pause de midi, dans la chambre de garde. Cela me faisait énormément de bien, je sentais la différence.
–m’écouter, connaître mes limites.
-l‘aide de ma mère qui me préparait des repas.
–la préparation en amont avant le Ramadan des herbes que je congelais pour les avoir toutes prêtes pour la soupe, etc. ça pourrait être pour des plats entiers. Je coupais mon jeûne avec des dattes fourrées aux noix et veillais à bien manger avant de boire le soir pour éviter de me remplir d’eau avant le repas.
-un repas de Sahour riche et systématiquement avec des protéines : œuf, muesli au fromage blanc, sellou…
-une sieste en rentrant du travail, avant le Maghreb qui était tard (mais je ne lisais pas le Coran car épuisée avec le jeûne).
J’ai trouvé le jeûne beaucoup plus difficile avec un bébé allaité qu’en étant enceinte (j’avais très soif et j’avais l’impression que mon âme sortait à chaque tétée), ça n’était pas la même fatigue.
J’ai eu 2 jours que je n’ai pas pu rattraper (sur la dizaine de jours à rattraper chaque année) et j’ai donc payé une compensation financière sur le conseil d’un Cheikh car c’était une dette de 3 ans avec les allaitements et grossesses consécutifs.
Mon conseil serait de ne pas se mettre de barrière, d’essayer pour voir et faire son maximum tout en programmant des jours de repos. Tout en sachant que les premiers jours sont difficiles pour tous, enceinte ou pas. Demander à Dieu de l’aide, et souvent on se rend compte que c’est moins dur que ce que l’on imagine.
Témoignage maman #5, N.
Voici mon retour pour le Ramadan :
Pendant ma première grossesse, le Ramadan est tombé en été, j’étais enceinte de 7 mois. J’ai jeûné la première partie puis j’ai fait des complications rénales, et le médecin m’a conseillé de m’hydrater. Il a fallu que j’arrête, ça a été difficile de ne pas pouvoir jeûner. J’ai pu en profiter néanmoins pour faire d’autres actes d’adoration alhamdouliLlah.
Le second Ramadan est tombé au premier trimestre de ma deuxième grossesse, pendant le confinement. J’avais la nausée et surtout des vomissements le soir dès que je mangeais. Quand je rompais le jeûne, je ne pouvais pas manger juste après avoir vomi et donc je ne pouvais pas jeûner le lendemain, c’était assez compliqué. Par conséquent, je jeûnais 1 jour sur 2.
J’ai rattrapé mes jours et payé la compensation financière, ça a été très difficile de rattraper.
L’année d’après, j’ai fait le Ramadan en allaitant, et je l’ai très bien vécu alhamdouliLlah. Je faisais des repas riches pour soutenir l’allaitement.
Ma tante m’avait préparé la Tamina, une sorte de gâteau de semoule aux dattes avec du miel, des noix et de l’huile olive et ça boostait énormément ma lactation. Je buvais beaucoup de tisanes de fenouil, et je n’ai pas senti de baisse de la lactation. En revanche, j’étais très fatiguée par le jeûne durant cet allaitement.
Témoignage maman #6, K.
Maman de cinq enfants, j’ai toujours su que je pouvais user de mon droit de ne pas jeûner lors de mes grossesses ou lors de mes allaitements. Pour mes trois premiers enfants, le jeûne se faisait en période d’été : journée longue, soif et parfois grosse fatigue. Mais comme la plupart des mamans, je me sentais comme obligée de me surpasser ; tant que les bébés vont bien, je peux, je dois tenir ce jeûne pour aussi ressentir cette saveur, cette ambiance du ramadan. El Hamdulilah, le mois du Ramadan tombait à un moment où les bébés étaient diversifiés et buvaient de l’eau, donc à condition de bien m’hydrater le soir, je tenais le coup.
Voilà, la quatrième grossesse s’installe, je jeûne mon mois entier de Ramadan ( cette fois-ci, je gère trois enfants). Très peu de temps après l’Aïd, je comprends que je traîne une infection urinaire qui a été mal traitée. Les symptômes passent, mais quelques jours après, je me rends compte que je suis en grande menace d’accouchement prématuré. Mon bébé naît à 25 semaines. Un long parcours a commencé; il est sauvé par la force d’Allah. En échangeant avec les docteurs, j’apprends qu’il est probable que l’infection soit la cause de mon accouchement, infection qui a pu être provoquée par un manque d’hydratation.
Lors de ma cinquième grossesse, la question ne se pose même pas : je ne jeûnerai pas. Seul Allah sait si mon accouchement très prématuré a été causé par le jeûne complet du mois de Ramadan, mais le doute reste présent et plausible. Prendre un risque pour moi, c’est une chose, mais pour bébé s’en est une autre ! Je sais qu’Allah veut pour moi la facilité. J’ai pourtant jeûné lors de ce 5 ème allaitement déjà compliqué car très peu de lait (ma lactation arrivait à sa fin). Mon bébé avait des compléments de lait artificiel donc je maintenais plus un allaitement « câlin », et aussi pour apporter des anticorps précieux à mon bébé.
Ce que je retire de mon expérience, c’est que chaque femme est différente, et souvent même à différents moments de sa vie, plus ou moins fatiguée, plus ou moins consciente des risques, et c’est à chacune de s’écouter, se rassurer, quelque soit le choix, car on veut toujours faire au mieux. Et je pense que chaque mère est sincère, fait au mieux, qu’elle jeûne ou qu’elle s’abstienne, peu importe. C’est le mois du jeûne mais aussi le moins du Coran. Donc, à chacun d’essayer d’amasser le maximum de récompense possible, quelle que soit sa façon d’agir.