Etre maman

Cet enfant inattendu et pourtant prédestiné

Besoin de contrôler mais… 

Avoir tendance à tout vouloir contrôler, programmer, gérer les petits détails du quotidien comme les grandes étapes de notre vie … En généralisant, il me semble qu’on fonctionne un peu tous comme ça, surtout dans la société actuelle : se marier à tel âge, vouloir tant d’enfant, puis une fois mariée attendre le bon moment pour avoir cet enfant, moment que l’on pense le plus approprié pour nous … Tout ça en oubliant que derrière toute notre vie, il y a Allah qui gère tout ! Allah et Son plan, où tout est déjà prévu car Lui seul sait ce qu’il y a de mieux pour nous et à quel moment !  

Et cela, on a tendance à beaucoup l’oublier et en faire abstraction. Enfin, je ne sais pas vous mais moi oui, oh que oui ! Surtout que j’ai une personnalité qui « dirige » sa vie, plutôt que juste la « conduire » (dixit ma psychothérapeute). 

Et bien entendu, Allah dans Son Extrême Sagesse est là pour nous envoyer des messages à travers ce que l’on vit, et la plupart du temps à travers nos épreuves. Et oui, quand il nous arrive une chose désirée, on pense à Lui, mais de façon moins forte je pense ; alors que quand une épreuve arrive, on se tourne beaucoup plus vers Lui.  

 

Ce n’est pas le moment…. 

Alors, comme beaucoup, j’avais prévu à quel moment avoir mes enfants, en fonction de nos envies, à mon mari et moi , et aussi de nos choix de vie. J’ai donc eu mon fils 2 ans et demi après mon mariage, puis ma fille 4 ans plus tard. Deux enfants qui sont éveillés, curieux et aussi très actifs et bruyants ! Au bout du compte : des journées bien fatigantes, surtout qu’étant en IEF (Instruction en Famille = école à la maison), ils sont quasiment toujours avec moi ! Finalement , moi qui me voyais avec une tribu de 5 enfants, là ce n’était juste pas possible, j’avais l’impression d’en avoir 10 juste à eux deux !

Je n’avais ni l’envie (celle qu’ont beaucoup de femmes d’enfanter, ce désir profond de maternité), ni la motivation. Même si je me rappelais mes projections à 5 enfants, le hadith du Prophète (saws) de venir augmenter sa communauté, … je ne m’y voyais pas du tout ! A quoi bon faire encore des enfants si c’est pour crier toute la journée, être injuste, ne pas avoir de patience ni assez de douceur ?  

Ajoutons à cela les événements actuels – nous sommes en automne 2020 : le contexte anxiogène de la crise Covid avec toutes les décisions arbitraires du gouvernement et les privations de liberté, la super annonce de Monsieur Macron sur l’obligation de scolarisation en septembre 2021 – autant vous dire qu’à cette période j’étais quasiment en dépression et que bien que dans l’année j’avais parfois pensé à un 3 ème enfant quand une copine ou une belle sœur était enceinte, là je n’y pensais plus du tout ! Vraiment pas ! Donner la vie à un enfant dans cette société folle et avec beaucoup de nos libertés qui disparaissent n’était vraiment pas souhaitable ! 

 

La nouvelle… inattendue

Début décembre, je suis censée avoir mes règles. N’étant pas réglée comme une horloge, j’attends, sans inquiétude. Une semaine de retard, quasi-normal pour moi ; deux semaines passent, là je commence à m’inquiéter. Je n’ose même pas me poser LA question « imagine tu es enceinte ? » ! J’attends 3 semaines. Évidemment, il se passait quelque chose ! Mais je n’avais pas du tout envie d’en entendre parler… Mon petit moi intérieur me disait « rends-toi à l’évidence » mais mon nafs (mon égo) ne voulait pas du tout ! Ce n’était pas le moment ! Je ne l’avais pas décidé ! Je ne voulais pas !  

4 semaines plus tard, j’ai fait LA prise de sang. Même si je savais, j’avais besoin d’avoir sous les yeux une preuve, quelque chose qui serait là pour me dire « ého, maintenant il faut accepter et faire avec » … Je reçois le résultat. Pas envie d’ouvrir. Pas parce que je serai dégoûtée mais parce que je trouvais ça tellement triste de ne pas accueillir la nouvelle avec un grand sourire, une larme de joie, en prenant le papa dans les bras. Pas sympa pour ce petit être à venir.  

J’ouvre. C’est bien ça… Au bout du rouleau, car pour moi ce n’était pas le moment. Je n’étais déjà pas bien en forme , je vivais mal cette période, alors pas besoin qu’on me rajoute ça. Malgré tout, j’essaie de me raisonner et me répéter que de toute façon s’il est là, c’est qu’Allah en a décidé ainsi. Mais ce n’est quand même pas simple. Il y a la théorie et il y a la pratique. 

Premier trimestre : malade ; ça ne donne pas forcément envie de mieux accepter la nouvelle. Je ne suis pas de super humeur, et mon corps ne m’aide pas à aller mieux. Deuxième trimestre : en plein déménagement, cartons à faire, travaux de la future maison à terminer, installation… Moi qui aime bien tout faire, porter, bricoler…, je suis obligée de me freiner. En réalité, ce petit être à l’intérieur de moi m’oblige à ralentir et indirectement je lui en veux. Et oui, ce n’est pas comme si c’était moi qui avais décidé qu’il soit là ! Le deuxième trimestre avance, le troisième arrive… il bouge, gigote, réagit quand je pose ma main sur mon ventre… je commence à mieux réaliser, à laisser les premiers liens se tisser.  

Comment ne pas fondre devant ce miracle qu’est la grossesse, un petit être qui se développe en nous et commence sa vie avec son environnement, avec nous, avec moi, en moi ! Je pense que petit à petit, je me suis faite à cette idée d’être maman pour la troisième fois, même si j’appréhendais pas mal (les nuits, la fatigue générale…). Mais finalement, je l’aime déjà, hamdoulilah. 


Tout est bien qui finit bien… 

J’arrive à la fin de ma grossesse. Bébé préfère rester au chaud, les jours passent, toujours rien. Mon terme est maintenant dépassé. Au troisième jour de dépassement de terme, j’ai rendez-vous avec ma sage-femme, qui connaît un peu l’histoire de la grossesse non prévue (je n’aime pas le terme « non désirée », je trouve ça vraiment péjoratif, comme si je ne le voulais pas cet enfant. Non, je ne l’avais juste pas prévu). Elle me conseille d’écrire une lettre à mon bébé, pour lui dire ce que j’ai sur le cœur. Pour elle, il a peut-être du mal à venir, comme s’il sentait qu’il n’était pas attendu. Je devrais lui parler… Bon, je n’étais pas trop convaincue, alors je ne l’ai pas fait. Je la revois au cinquième jour. Elle me demande si j’ai fait ce qu’elle m’a dit. Je souris, je lui dis que non « tu es sûr que c’est utile ? Je lui ai juste un peu parlé ». Elle me répond « vraiment fais-le, les mots sont bien plus puissants quand on les écrit ! ». Allez, je n’ai rien à perdre, si rien ne se passe, je serai déclenchée demain.

Je rentre à la maison, j’écris… (en réalité, je me rends compte que j’ai les bonnes contractions à ce moment-là, je suis en travail, mais c’est pas grave, je continue quand même). 

Finalement j’ai expliqué à mon bébé qu’il n’y était pour rien, qu’il était arrivé dans une période que je vivais assez mal, que je m’inquiétais pour mes enfants et que je m’en voulais d’avoir ressenti tout ça au début de ma grossesse, que ce n’était pas de sa faute, que j’avais juste peur de ne pas gérer et ne pas être à la hauteur. Et que je ferai du mieux que je peux pour m’occuper de lui comme il faut et lui donner le maximum, car je l’aime déjà énormément. Et que de toute façon, Allah était là pour nous faciliter et le protéger… 

Bébé est arrivé cette nuit-là, à la maison, juste tous les trois, un moment inoubliable qu’Allah m’a permis de vivre hamdoulilah.  

Aujourd’hui je le vis bien, même si je suis fatiguée et que je m’inquiète toujours pour le devenir de nos enfants, mais je suis heureuse. Et ce qui me réconforte c’est de me dire que cet enfant, ce n’est pas moi qui l’ai voulu à ce moment de ma vie mais que c’est Allah qui me l’a donné quand Lui Seul en a décidé le moment opportun, car Lui Seul sait ce qu’il y a de meilleur pour nous !

Finalement, avec le recul, je le prends comme un cadeau d’Allah ! Et j’essaie d’en profiter au maximum, malgré les journées chargées et le temps qui passe trés trés vite… 


Cette épreuve a été un bon rappel pour moi, même s’il m’a fallu du temps pour accepter … et oui, on ne peut pas tout décider !

Deborah

Deborah est maman de 3 enfants (11 ans, 7 ans et 1 an).
Après avoir travaillé dans l'éducation, elle a choisi d'être maman au foyer pour instruire ses enfants à la maison. Un double travail à temps plein !

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