Vie spirituelle

Comment nourrir la foi de son enfant ?

Quand cette question est venue à moi, mon premier réflexe a été de me poser la question : comment, moi, j’ai nourri la foi de mes enfants pendant toutes ces années ? 

Au début, j’ai été envahie par un sentiment de culpabilité, mon petit juge intérieur me disait : “tu as mal fait ou pas assez fait, tu n’étais pas assez préparée et informée, tu n’as pas toujours fait les bons choix, tu n’as de leçon à donner à personne et encore moins être un exemple pour les autres mamans. D’ailleurs, aujourd’hui encore, tu rames.” 

Et puis finalement, je me suis dit : pourquoi ne pas faire le bilan et voir où j’en suis aujourd’hui ? 

Je suis maman de quatre enfants âgés de vingt-trois, vingt-et-un, dix-sept et dix ans. Ils sont des dons d’Allah Ta’ala, Le Très-Haut, et je Le remercie tous les jours de m’avoir comblé de leur amour. A travers cet article, je vais partager avec vous, chères lectrices, mes pensées, mon vécu, mon expérience, mes attentes, mes peurs, mes rêves, bref tout ce que cette question pertinente éveille en moi. Je ne vais donc pas vous donner une recette ou une feuille de route pour nourrir la foi de vos enfants. Je vais simplement vous partager des réflexions critiques sur mon propre parcours.   

On va remonter le temps ensemble…

Mon premier enfant est née en juin 1999, pour vous mettre dans le contexte, à cette époque, il n’y avait ni les téléphones portables pour communiquer plus facilement, ni tous les moyens multimédias qui proposent de très bons rappels sur l’éducation en Islam, ni toute cette accessibilité impressionnante au monde. Du coup, je piochais les conseils d’éducation à droite, à gauche, auprès de ma famille, des amies… Je me suis beaucoup inspirée de mes parents car, pour moi, ils m’avaient donné la meilleure éducation

Et je pense que beaucoup de mamans vont se reconnaître ; en effet, on mise beaucoup sur le premier enfant ! On voudrait quasiment en faire un être exceptionnel, lui donner les meilleures bases de la religion, lui offrir des connaissances avant l’heure… C’est précisément ce que j’ai fait avec ma fille ; mais la vie n’est pas quelque chose qu’on planifie. 

Ma maman, qui était mon repère dans cette vie et un modèle de parent, a été rappelée par Son Créateur. J’ai donc souhaité un deuxième enfant pour combler le vide dans mon cœur.  À cette époque, j’avais moi-même besoin de nourrir mon cœur de foi et de spiritualité, car avec deux enfants à gérer sans trop d’aide ni de soutien, il était difficile de garder le cap. Je ne vivais pas dans l’insouciance, cependant, j’avais en moi cette peur que mes enfants soient des égarés. Je me sentais faible face à cette responsabilité. 

Heureusement, Allah Ta’ala a bien plus de bienveillance envers nous, que nous, les mamans, en avons pour nos enfants. Il voit notre détresse, notre désespoir, alors Il met sur nos routes des personnes, des causes, des rappels pour nous aider à reprendre le combat et à ne rien lâcher. 

Je me souviens quand j’étais enceinte de ma troisième fille (eh oui, encore une fille, et elles font le bonheur de ma vie aujourd’hui), je fréquentais un groupe de sœurs avec qui je lisais régulièrement le Coran. J’avais entendu un savant affirmer que l’éducation commençait dans le ventre de la maman et que la lecture du Coran avait un impact sur le fœtus. Je regrettais alors de n’avoir pas eu cette information pour mes premières filles. Mais comme Allah est Miséricordieux, mes trois filles ont aujourd’hui un lien avec le Coran al hamdouliLah. Parfois, je me demande si ce n’est pas ce simple regret que j’ai ressenti dans mon cœur, que je n’ai même pas exprimé avec des mots dans une dou’a, qui a permis de guider mes filles vers le Coran. 

L’entourage joue un rôle important dans l’éducation des enfants, et la bonne compagnie génère une force et une motivation incroyable. Entre mamans, il faut se serrer les coudes ! Beaucoup de sœurs ont cheminé avec moi un morceau de ma vie, et leur compagnie a souvent été une bouée de sauvetage pour moi. La fréquentation de la mosquée a aussi été un refuge pour mes enfants surtout à une époque où la société semble avoir pris le contrôle de tout ce qui nous est cher dans cette vie. 

En 2012, mon fils est arrivé dans ma vie. Je me suis dit : enfin un enfant que je vais pouvoir déléguer à mon mari dans l’éducation ! J’étais bien loin de la réalité car je me rends compte que j’ai toujours été à l’intersection de ma famille ; plus simplement, je suis le lien qui unit mon mari et mes quatre enfants. Avec le recul, je me dis que mon mari avait une entière confiance en mon jugement et ne prenait jamais de décisions concernant nos enfants sans connaître mon avis au préalable. 

Pour moi, une maman c’est un être à qui Allah Ta’ala a donné des supers pouvoirs, un amour maternel indescriptible et qui ne diminue jamais. Une maman est irremplaçable et je pense que c’est elle qui possède la définition la plus juste, dans son cœur, de ce qu’est réellement : l’amour d’Allah envers Ses créatures. 

Vous vous posez la question si aujourd’hui, alors que mes enfants sont grands, je suis plus sereine et apaisée ? Pas du tout… Le proverbe « petits enfants petits soucis, grands enfants grands soucis » résume très bien mon sentiment. Pour tout vous dire, ma bête noire sont les réseaux, je suis en concurrence avec eux, je dois faire preuve de finesse pour attirer l’attention de mes enfants. C’est dur, mais je ne lâche rien car ils sont la joie de mes yeux et je serai toujours là pour eux.


Maintenant je peux faire le bilan avec vous chères lectrices… 

Certainement, la vision de l’éducation que j’avais en 1999, pour nourrir la foi de mes enfants a évolué au fil des années avec les épreuves traversées, l’expérience acquise, les erreurs commises, les personnes qui ont partagé ma vie. Et j’en garde deux enseignements :

– Nos enfants nous éduquent autant que nous les éduquons. Quand je suis devenue maman, la responsabilité que j’ai ressentie était, en réalité, la peur de ne pas être un bon modèle de maman. Alors j’ai essayé, je dis bien “essayé”, de donner le meilleur de moi-même. Et je me dis que si mes enfants n’avaient pas été là, je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui.

– Et finalement, tout vient d’Allah Ta’ala, les erreurs que j’ai commises, mon manque de rigueur montrent que ce n’est pas grâce à mon éducation spirituelle que mes enfants sont dans le droit chemin aujourd’hui, mais c’est par la grâce d’Allah Ta’ala. C’est Lui l’Educateur de nous-mêmes et de nos enfants. 

Pour conclure, je souhaite dire aux mamans qui me lisent : “ ne soyez pas trop dures avec vous-mêmes. Faites de votre mieux avec les meilleures intentions du monde et beaucoup de dou’as, Allah Ta’ala se chargera du reste.”

Et je demande à Allah qu’Il guide nos enfants et nous aide dans leur éducation pour qu’ils grandissent et vivent dans les délices de la foi. Amine

Charlotte Lachgar

Je m’appelle Charlotte Lachgar, j’ai 37 ans.
Allah m’a guidée vers Lui à l’âge de 30 ans al hamdoulillah.
Je suis une maman de 3 enfants Allahoumabarik, maman voyageuse, mais surtout voyageuse intellectuelle.
J’ai soif d’apprendre continuellement et de transmettre ce savoir.
Passionnée par l’éducation, les pédagogies alternatives, les neurosciences et surtout l’accompagnement des enfants en difficulté, j’enseigne depuis l’âge de 23 ans.

Compte insta : @la_parole_libere

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