Durant le mois de Ramadan, nous vous proposons une série de témoignages de mamans sur leur vécu de ce mois béni, soit en étant enceinte, soit en allaitant. La question qui revient souvent : qui a déjà fait le Ramadan en étant enceinte? En allaitant ? Avec des enfants en bas-âge ? Comment cela s’est-il passé ? Etc.
Chaque sœur a son vécu et les partages d’expérience sont cruciaux pour soit se motiver en réalisant que d’autres l’ont fait, soit se déculpabiliser en réalisant que d’autres ne l’ont pas fait, et par la même occasion, récolter de précieux conseils concernant ces différentes situations.
TÉMOIGNAGE Maman #1, Sister
Salam alaykoum, voici mon retour d’expérience concernant le Ramadan.
J’ai fait le Ramadan durant mes 2 grossesses et une fois en allaitant, ma fille avait 10 mois et était diversifiée alhamdouliLlah.
La règle que je m’étais fixée : tester le premier jour quels que soient mes a priori, essayer, mais être indulgente avec moi-même si je sentais que ça allait être trop difficile en n’hésitant pas dans ce cas à rompre et à ne pas jeûner.
Et soubhanaLlah, à chaque fois cela a été d’une grande facilité.
Je ne travaillais pas.
Le premier Ramadan, j’étais enceinte au 7ème mois de ma première grossesse, sans pathologie particulière alhamdouliLlah hormis quelques maux de grossesse.
Le Ramadan commençait mi-avril et se terminait mi-mai.
Le premier jour s’étant très bien passé, j’ai pu continuer tout le mois sans aucun souci. J’ai bien sûr fait la prière de consultation –salât al istikhara– au début du mois et avant de prendre ces décisions.
Bien mieux je dirais, pendant ce mois-là, mes maux de grossesse disparaissaient la journée : aussi bien les reflux acides invalidants que les envies pressantes voire incessantes ou encore les jambes lourdes. Normal, puisque je ne mangeais pas et ne buvais pas pendant la journée. J’étais bien fatiguée en fin de journée (hypoglycémie de jeûne) mais je n’avais pas extrêmement faim car le corps s’habitue. Comme les personnes qui jeûnent en général, c’était supportable du moment que je restais au calme chez moi en attendant le Ftour.
J’avais pour cela récolté un maximum de techniques pour me faciliter la tâche, techniques que j’ai scrupuleusement appliquées car je ne voulais pas risquer d’avoir soif, de provoquer une carence à mon bébé ou d’être exténuée.
Les voici :
Ne jamais rater le Sahour, il se composait : d’un œuf au plat salé et à l’huile d’olive, de tranches de pain complet aux graines avec de la purée d’amandes non sucrée (rayon bio au supermarché), d’un chocolat au lait (cacao amer sans sucre) et d’eau au maximum.
Le soir, c’était plus varié et je m’autorisais le sucre, mais surtout pas le matin.
En effet, comme l’explique Hanane Afellah la diététicienne, que Dieu la récompense, le sucre au Sahour provoque un pic sanguin d’insuline qui, en débarrassant le sang du glucose, provoque une hypoglycémie légère à l’origine… d’un creux 2h après le repas.
Je voulais éviter cette sensation à tout prix, je me souvenais l’avoir vécue plus jeune au Ramadan et je ne comprenais pas pourquoi j’avais faim 2h après mon bol de céréales et mes tartines de pain blanc à la confiture, c’était très frustrant.
Le chocolat au lait et l’œuf : pour l’apport en protéines qui sont source de satiété durable dans l’estomac (idem pour la viande).
Le sel : idem merci Hanane, pour garder un maximum d’eau dans mon corps. Le sel fait monter la tension chez les patients hypertendus donc ils l’évitent car l’eau dans les vaisseaux est retenue par le sel et fait augmenter la pression dans leurs vaisseaux sanguins. Dans le cas du jeûne, garder l’eau grâce au sel était l’effet que je recherchais car cela me permettait d’avoir la langue humide jusqu’à la fin de la journée, en buvant bien de l’eau en parallèle bien sûr.
L’huile d’olive : tout comme les protéines, les graisses sont une source puissante de satiété. Cela signifie qu’avant d’avoir un creux, il faudrait avoir passé une bonne partie de la journée, avec un petit-déjeuner aussi copieux.
Les soupes types harira/chorba sont bien salées et très stratégiques pour Sahour aussi (bien boire de l’eau à volonté bien sûr, ne pas juste manger salé sans compenser par un apport en eau conséquent).
Le pain complet aux graines (appelé Viking ou Nordique à la boulangerie) : contrairement au pain blanc très vite digéré, le pain complet (que je stockais en tranches dans le congélateur) est beaucoup plus riche et complexe à détruire par l’estomac, et y reste donc un bon bout de temps. Pour mon plus grand bonheur !
Des vitamines de grossesse (par précaution pour le développement du bébé et pour m’éviter des carences, mais c’est vraiment un bonus)
Évitement total des boissons diurétiques : thé et café +++ = pas envie de me vider de ma précieuse eau dès les premières heures de la journée !
Enfin la climatisation en pleine canicule ou ventilateur : indispensable de mon côté pour pas se dessécher également lol!
Ma sage-femme m’avait déconseillé le jeûne car selon elle, le bébé avait besoin d’un « apport en sucre continu ». En réalité, le bébé bénéficie d’un apport en sucre continu que la mère mange ou pas, car le corps de la mère est programmé pour préserver le fœtus en priorité et la glycémie de la mère est maintenue en permanence. Par exemple, la nuit on ne mange pas, il n’en est pas moins alimenté pour autant. Donc argument non recevable. AlhamdouliLlah, mon enfant est en parfaite santé machaaLlah donc aucune crainte de ce point de vue wAllahoua3lam. Je mangeais bien aux deux repas aussi donc je parle de mon cas.
Enfin, je ne marchais pas de longues durées dehors ni au soleil ni ne faisais les courses pour ne pas prendre le risque de me dessécher. Je dormais une bonne partie de la journée car je me disais que même si je faisais moins d’adorations, jeûner en étant enceinte relevait de l’exploit, et que c’était ma priorité. SoubhanaLlah, c’est la première fois de ma vie de femme où je n’ai eu aucun jour à rattraper, ça m’a fait bizarre et tellement de bien de faire le Ramadan en entier !
Donc alhamdouliLlah, expérience très concluante que j’ai réitérée avec les mêmes techniques.
Lors du Ramadan pendant l’allaitement de ma première (début avril à début mai) : je la faisais garder tous les après-midi pour me ménager et cela m’a énormément aidée. Je l’allaitais encore mais cela n’a pas impacté mon allaitement car elle était déjà bien diversifiée et mangeait autre chose, elle avait 10 mois. J’ai pu faire le Ramadan normalement alhamdouliLlah, avec toutes les mêmes techniques bien sûr. Idem, lors de ma seconde grossesse durant avril (8ème mois) où je n’allaitais plus. Je faisais encore garder la première tous les après-midi et où j’ai pu jeûner aussi sans problème alhamdouliLlah. Sauf un jour où je ne me suis pas réveillée malgré mon alarme et où j’ai vraiment eu peur de ne pas assumer, je l’ai rattrappé plus tard. J’étais à la limite de mes capacités en mangeant bien le Sahour donc je n’ai pas osé jeûner sans avoir ni bu ni mangé (chose que l’on peut se permettre en dehors de ce contexte de grossesse et d’allaitement en général).
Je suis consciente que toute cette facilité est totalement venue de Dieu et je ne partage aucunement cela pour me vanter, je suis tombée dans des phases faciles de la grossesse et de l’allaitement sans complications particulières (il en aurait été autrement en début de grossesse avec les nausées, en début d’allaitement quand mise en route, etc..). Mais il me semble important de banaliser et de rassurer dans ce sens également celles qui auraient peur d’essayer, tout en encourageant les sœurs n’ayant pas pu jeûner ou ayant jeuné partiellement à le raconter aussi pour avoir un éventail de retours et d’informations précises sur la manière dont le Ramadan peut se dérouler dans nos vies de femmes.
Voilà pour mon retour, hâte de lire les vôtres notamment en commentaire !
Si vous hésitez, dites-vous que de nombreuses femmes sont dans le doute ou vont culpabiliser du fait de leur propre pression ou de celle de leur entourage, ou bien vont abandonner alors qu’elles auraient pu essayer, donc vos témoignages les aideront un maximum inchaaLlah à être apaisées quel que soit leur choix et à ne pas se sentir seules.
En résumé, faisons uniquement des efforts à notre portée et ne soyons jamais injustes envers nous-mêmes car ce n’est pas ce que Dieu attend de nous.
Qu’Allah facilite le Ramadan à toutes, jeûneuses ou pas, et qu’Il accepte nos œuvres pieuses.
Excellent Ramadan à toutes !
BarakAllah fiki pour ton témoignage, je suis dans la même situation que toi (mêmes dates de grossesse SoubhanAllah) et cela me motive beaucoup d’avoir lu ces conseils simples et justes. Qu’Allah nous permette de profiter de ce mois au mieux. Amine.