Etre maman Vie spirituelle

Prise au piège

Se sentir coincée 

Depuis que je suis maman, l’un des sentiments les plus douloureux a certainement été la prise de conscience que je ne pouvais pas m’extraire de ma nouvelle responsabilité ! Ma responsabilité de maman ! Mes enfants étaient là et pour toute ma vie ! Plus moyen de faire marche arrière ! 

En d’autres termes, je me sentais coincée pour le restant de mes jours. 

Le plus difficile à accepter est le sentiment d’avoir perdu un peu de ma liberté ! De la liberté de circuler chez moi comme je veux à celle de pouvoir en placer une, jusqu’à celle d’aller tranquillement aux toilettes ! 

Tu as certainement connu toi aussi ce sentiment d’être enfermée et de ne pas pouvoir te délivrer ! Comme toi, peut-être, je n’avais pas estimé à quel point l’arrivée d’un enfant dans ma vie allait me bousculer comme les vagues bousculent les surfeurs sur la mer ! Je n’étais pas non plus dans la croyance naïve que mes enfants allaient simplement se rajouter à ma vie sans rien n’y faire bouger, mais je ne m’attendais quand même pas à un tel bouleversement ! Nos enfants, on les aime bien quand même mais on aurait aimé la version sans trop de sacrifices, sans cernes, sans cris, sans perte de liberté ! 

Ce sentiment de se sentir prise au piège était encore plus fort quand j’ai vécu l’une des saisons les plus sombres de ma vie, enclavée dans l’épuisement physique et moral, vacillant entre désespoir et désenchantement. Ô que je me sentais coincée ! Je me suis enfoncée petit à petit dans le burn-out maternel. J’étais encore dans la peau d’une super-maman-responsable, qui se mettait un peu trop la pression, j’avais cette envie parfois de tout balancer, “l’eau du bain et le bébé avec” comme on dit. Toute cette charge était bien trop difficile pour ma petite personne. Je pouvais déléguer un moment mais je ne pouvais pas fuir ! Je parle aussi bien de l’idée de fuir physiquement que de fuir les responsabilités, et faire comme si de rien était.  

J’ai tenté de faire semblant mais ce n’était qu’un leurre. Ce n’était pas possible ! Je n’avais pas le droit de le faire. Ma conscience ne pouvait me laisser faire ça. 


En fait, je parle de quelle responsabilité ? 

La responsabilité de m’occuper de mes enfants au quotidien, de prendre soin d’eux ; la responsabilité d’être présente pour eux, de leur donner une éducation correcte, respectueuse de ce qu’ils sont, des autres et de la création ; la responsabilité de préserver leur fitra -leur nature originelle- et leur transmettre l’Amour de Dieu et de son prophète sws ; la responsabilité de leur donner les bons outils pour vivre une vie satisfaisante, de les accompagner pour qu’ils deviennent des êtres autonomes, d’avoir confiance en eux mais sans en faire des êtres orgueilleux. Oui, rien que ça ! 

Et puis, je me suis posée ces questions : qu’est-ce qui m’appartient vraiment ? Quelle est la véritable liberté ? Et de quoi ai-je peur ?

Certes, j’étais nostalgique de ma vie d’avant sans enfants, cette vie où je pouvais me réveiller sans être obligée de marcher sur la pointe des pieds au point de risquer parfois une entorse des orteils ! Cette vie où j’avais le temps de faire ce que j’aimais faire ! Cette vie où je pouvais préserver ma liberté d’être, de circuler, de répondre à mes besoins fondamentaux, mon besoin d’épanouissement autrement que dans mon rôle de mère. 

Petit à petit,  je comprenais que je ne pouvais pas me défaire de ce nouveau rôle ; il me paraissait inévitable que je devais prendre la responsabilité de ce qui m’arrivait car je sais au plus profond de moi que tout ce qui m’arrivait ne l’était que par la Volonté de Dieu qui administre ma vie et la création entière. Je ne suis qu’un élément de la création parmi tant d’autres sous la soumission d’al Aziz al Hakim, le Tout-Puissant, le Sage, Celui qui a le Pouvoir, qui fait ce qu’il veut et qui le fait avec sagesse. 

Ma conviction profonde est qu’il n’y a pas de liberté véritable sans soumission à Dieu, et c’est ma foi qui m’a guidée et me guide encore à donner du sens à ce devoir envers mes enfants. 

Ma foi m’enseigne que mes enfants sont un dépôt de Celui qui donne avec amour. Ces petits êtres ne m’appartiennent donc pas. Ils ne sont pas MA possession. J’ai le devoir de prendre soin d’eux et de ne pas les abandonner. 


S’occuper de ses enfants, lourde responsabilité mais …

De toutes les responsabilités que nous assumons en tant que croyants, celle-là me semble être une des plus lourdes mais aussi une des plus gratifiantes. Et finalement, c’est dans le fait d’assumer cette responsabilité dignement que je retrouve toute la saveur de la véritable liberté : ma liberté est dans ma soumission à Dieu qui me libère de toutes les autres idoles visibles et invisibles. 

L’épreuve pour moi était d’accepter et d’assumer pour espérer l’agrément de Dieu et Sa récompense, le jour où il n’y aura que Sa miséricorde pour pardonner nos insuffisances et nos manquements. 

Ce que la maternité était en train de m’apprendre c’est que j’avais besoin de Dieu pour y arriver, ni de x ni de y. J’avais besoin de renforcer mon lien à Dieu en renforçant ma conviction et en me souvenant souvent qu’Il est toujours là à mes côtés et que c’est Lui le Gérant de ma vie et de celle de mes enfants. 

Pendant longtemps, j’avais peur, peur de mal faire, de ne pas y arriver, j’angoissais  pour beaucoup de choses. Mais, fondamentalement, de quoi avais-je peur ? Est-ce que je contrôle quelque chose ? 

Et puis certaines vérités prenaient sens : je ne suis pas seule dans cette épreuve. Allah fera bien ce qu’Il voudra ! Je n’ai pas le devoir de résultats avec mes enfants mais simplement leur donner les moyens d’être à leur tour des êtres autonomes et responsables devant Dieu.

Je comprenais aussi que Dieu ne me demandait pas d’être la mère parfaite, au foyer qui resterait 24/7 avec ses enfants (certaines peuvent le faire, pas moi), ni celle qui ferait plein d’activités artistiques tous les jours, ni celle qui les emmènerait dans la nature tous les jours, ni celle qui ferait l’école à la maison, ni même celle qui enseignerait le Coran à ses enfants, ni celle qui sacrifierait ses diplômes et son travail pendant des années. Dieu ne me le demande pas, mais la société exerce une pression folle sur nous, les mères. 

Ce dont j’avais besoin était de trouver un équilibre entre les différentes sphères de ma vie.

Ce que Dieu est en train de m’apprendre à travers la maternité c’est que je devais faire certains deuils pour accepter et grandir, et parfois c’est douloureux. Je n’avais pas envisagé d’en faire certains aussi rapidement !  Par exemple, je devais faire le deuil de ma liberté comme je me la représentais,  « faire ce que je veux quand je veux » ou encore faire le deuil de la prétention d’y arriver seule et de celle de savoir comment y arriver.

La maternité est donc une opportunité pour améliorer notre rapport au divin et aller à la recherche de Sa lumière sinon on risque de rester dans l’obscurité.

Dieu nous a créés pour une vie d’épreuves , il y aura des moments de joie, de gratifications avec mes enfants et des moments difficiles. J’aimerais apprendre simplement à vivre tous ces moments avec gratitude et louanges envers Celui qui me les offre, à simplement aimer mes enfants et à reconnaître en eux le cadeau divin. 

J’aimerais simplement porter cette noble responsabilité en me souvenant de Dieu. Je remarque bien que quand je ne suis pas assez dans le rappel de Dieu, j’ai tendance à retomber dans ces travers, à sentir le doute revenir, la peur pointer le bout de son nez, et l’apaisement me quitter petit à petit. 

Le dhikr, le rappel de Dieu me permet de penser du bien de Dieu et de moi. Allah est Clément et Bienveillant il ne me laissera pas tomber, ni moi, ni mes enfants . Je vais y arriver par la volonté de Dieu.

Maman Anonyme

Maman anonyme

Vous pourriez également aimer...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *