Vie spirituelle

Mes enfants ou le Coran ?

Les sujets en lien avec la parentalité sont innombrables. Pour ma part, j’ai eu particulièrement envie de parler de mon rapport au Coran depuis que je suis devenue maman. J’essaye depuis des années d’avancer à lenteur d’escargot dans l’apprentissage. Je suis passée par plusieurs phases : énorme motivation, challenge pour apprendre vite et bien, puis baisse de régime. En l’espace d’un mois, tout est perdu, oublié ! Quelle claque !

Je me demande comment en suis-je arrivée là ? Suis-je sincère vis-à-vis d’Allah ? Ai-je une baisse de foi ? Ou bien mon rôle de mère et d’épouse me noie et m’épuise au point où je n’arrive même plus à libérer du temps et de l’énergie pour la parole d’Allah ? 

Comme le répètent souvent nos professeurs, c’est une question de volonté, nous n’avons pas tellement d’excuses, tout le monde a ses soucis.

Je pense sincèrement que tant que mes enfants seront en bas âge voire même ados, cet engagement sera régulièrement en dents de scie avec des baisses de régimes, de la culpabilité liée à mon sentiment de négliger la parole de Dieu, de ne pas m’organiser suffisamment pour atteindre mes objectifs…. 

Depuis le début de mon apprentissage, je suis passée de trois enfants à cinq. Trois, c’est déjà pas mal ; on alterne entre débordements et challenges pour apprendre. Quatre, ça se corse : un très grand prématuré, tout rentre dans l’ordre pour lui al hamdoulilah, mais avec une petite dépression pour moi la même année.

Je me relève…Comment d’ailleurs ? Essentiellement avec le Coran, et aussi en prenant un peu de temps pour moi. C’est là que je ressens la Miséricorde d’Allah ta’ala (exalté soit-Il), et aussi de la honte, car si moi, faible humaine je L’ai délaissé, Lui est toujours présent pour moi ; en l’occurrence, à travers Son livre. Ce traitement qui me soigne efficacement. 

La dépression m’a été bénéfique, car j’ai compris que, lorsqu’on a peur de sombrer dans la folie ou le burnout, on n’a pas d’autre choix que de prendre soin de soi avec Sa parole unique et si apaisante et…ça marche ! Wal hamdoulilah.

Après mon petit combattant, s’est invitée une cinquième et, j’espère (jamais je n’aurais pensé le dire un jour), dernière grossesse. Encore une menace de fausse couche, puis d’accouchement prématuré, cerclage, galères d’alitement…enfin bébé est là, à terme ! Je me sens soulagée, libérée de ces contraintes de la grossesse; je crois très vite que j’ai repris mes marques, mon rythme, mes repères. Mais c’est après plusieurs cours que je me rends compte que je suis incapable de présenter quoi que ce soit à ma professeure, que je réalise que je n’ai pas encore trouvé le bon rythme pour allier vie de famille et avancer dans le Coran.

J’en ai conclu alors, que chaque personne étant différente, tout le monde n’a pas (selon les étapes de sa vie) les épaules pour s’imposer une parfaite discipline avec le Livre de Dieu, pour apprendre coûte que coûte, et en plus, bien réviser, méditer, appliquer…

Je décide alors de changer de méthode et de me fixer des objectifs pour mes petites épaules ; je décide de changer d’enseignante, malgré la reconnaissance à vie que j’aurai pour mon ancienne professeure et tout ce qu’elle m’a apporté. J’opte pour un cours avec plus d’interactions, car j’en ai urgemment besoin. Le destin fait que je retrouve une précédente enseignante qui sait me motiver tout en exigeant de moi une certaine rigueur, qu’Allah la préserve.

Cependant, je ne peux m’empêcher de culpabiliser et de prendre comme un échec le fait d’avoir changé d’institut et de professeur. 

Certes, j’ai conscience que je dois d’abord penser à mes besoins en fonction de là où j’en suis aujourd’hui, mais la culpabilité reste présente.

J’ai un rêve. Dans mon état actuel, il reste utopique, mais je prie le Très-Haut de pouvoir le réaliser un jour : accorder un temps primordial au Coran autour du fajr (à l’aube), avant ou après. La voici la clef du bonheur, de la baraka, la cause de la disparition de cette fichue culpabilité toujours présente. Ma journée aura bien commencé et je pourrai vivre ma vie plus sereinement. Je parie que je ne serai pas beaucoup plus épuisée que si je ne l’avais pas fait. C’est un rêve pour moi, mais je sais qu’une fois l’habitude prise, ce ne sera pas si « illusoire ». Aujourd’hui, je n’y arrive pas : bébé a huit mois, pleure, tombe souvent malade, fait ses dents…Je suis K.O !

Mais hors de question d’attendre que ma petite dernière aille à l’école. Je m’impose une chose : même si c’est pour réviser une petite sourate en un an, je m’inscris à un cours. Chaque lettre compte sur la Balance des hassanet, inchaAllah. 

Je m’impose aussi une autre chose essentielle : ouvrir le mushaf, ne serait-ce que pour lire une ligne par jour, ou pourquoi pas une page ? Qui me donnera ces hassanet le jour dernier ? Personne. 

Aussi, lorsque j’étais investie pleinement dans ma relation avec le Coran, j’ai longtemps été tracassée par la peur de négliger la relation avec mes enfants car cela me demandait de les faire patienter, de moins jouer et de sortir avec eux, (même si j’avais conscience que, par conséquent, ils entendaient plus et se familiarisaient plus avec la Parole d’Allah). 

J’ai souvent eu le sentiment que, pour apprendre, il fallait choisir : eux ou moi. Je me souviens d’une camarade qui a arrêté l’apprentissage car elle a fait le choix de se sacrifier pour se concentrer sur l’enseignement du Coran à ses enfants. Elle me disait qu’elle réviserait en leur enseignant tout en espérant la Baraka. J’ai trouvé cela noble et beau de la part d’une mère, et en même temps triste de devoir encore une fois faire un choix. 

Encore une fois, chacune de nous est différente et vit selon un contexte particulier. Je décide alors d’être « égoïste » (le terme est-il vraiment approprié ?) et je refuse de passer une année sans m’inscrire. Le Coran est le bâton sur lequel je m’appuie chaque jour pour avancer.

Quant à mes enfants, je me soucie de ce qu’ils ont appris chaque année pour se construire (coran, invocation, bonne leçon sur notre religion, respect d’autrui, délaisser le blâmable, faire du bien et surtout connaître Allah)…Pas grand-chose, mais je me rassure car l’éducation se fait pas à pas, à travers notre comportement en tant que parent, un mot par ci, une phrase par là. Le but n’étant pas la quantité mais la bonne intention et la qualité.

Personnellement, je trouve la gestion de la parentalité plus compliquée en tant que musulmane pratiquante. En même temps, nous sommes sur Terre pour L’adorer (soubhanahou wa ta’ala). C’est une épreuve.

J’aimerais finir sur une note positive : si je raconte mon expérience, ce n’est pas pour blâmer les enseignantes qui donnent beaucoup pour nous aider, mais je partage simplement mon cheminement : pour avancer, je dois écouter mes besoins, m’imposer un renouveau, une fraîcheur dans ma méthode et surtout avancer sans pression car il y en a déjà assez dans notre quotidien de maman. Aussi, j’espère arriver à méditer le Coran car le but de son apprentissage est avant tout de le comprendre pour l’appliquer dans mon quotidien.

Je vous souhaite à toutes d’atteindre cette dernière ambition et vous demande des invocations pour que j’y parvienne, avec une sincérité pure. 

Qu’Allah nous vienne en aide, car n’oublions pas le plus important : aucun objectif ne sera atteint, malgré toutes les mesures prises, aussi efficaces soient-elles, sans la Volonté du Tout-Puissant. Il retourne les cœurs et Il facilite à qui Il veut.

Oum Issa

Oum Issa est maman de 5 amours, au foyer, maman comblée et fatiguée.

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2 commentaires

  1. Flora a dit :

    As salam Aleykoum Oum Issa, barackAllahoufiki pour ton partage dans lequel on se reconnait toutes et el hamdoulillah cela fait plaisir d’entendre une maman qui tente de s’accrocher au Coran quoi qu’il arrive. Ce sont nos efforts qu’Allah récompense pas le résultat qui Lui appartient. Un de nos enseignants rappelait aussi dans le Coran la période avant 3 ans est mentionnée comme une période particulière pour la maman qui est forcément amenée à se concentrer d’abord sur l’enfant et que l’om doit aider en ce sens. Pour ma part j’essaie aussi de me dire que tant que j’ai un enfant en bas âge je vais aussi être en dent de scie mais je m’accroche comme tu le conseils même si c’est peu je m’accroche dans l’apprentissage et la lecture quotidienne car mes journées avec mes enfants sont vriament différentes quand j’ai eu mon temps avec le Coran subhanAllah! Enfin j’ai aussi pour habitude de beaucoup l’écouter pour apprendre : je le mets soit pour tout le monde soit avec mes écouteurs et je fais répéter sur une application une sourate, machAllah cela me facilite grandement l’apprentissage !

  2. Oum Issa a dit :

    Salamaleykoum Flora, je voulais te remercier pour ton commentaire qui m’a été très bénéfique, et m’a rassurée également. Qu’Allah nous facilite à toutes cet apprentissage.

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